{1vs1} - Latence part. 2.

Un grand vacarme tire Amerstia de ses pensées. Jolie phrase pour dire simplement qu’il se réveille. De l’heure qu’il est, Amerstia, il n’en a pas la moindre idée. Un coup d'œil à sa montre lui indique qu’il est bien plus proche de l’aube que de la pleine nuit… Et quand bien même le ciel est encore bien sombre, on ne devrait pas trop tarder à voir les premières lueurs de la journée pointer à l’horizon. Amerstia pousse un râlement, ce n’était absolument pas dans ses plans de rester ici… Enfin, plutôt de dormir ici. Il se dit d’ailleurs qu’heureusement qu’il n’a pas d’obligation de type familiale, parce qu’il serait vraiment très naze à ce niveau-là. Cela dit, c’est peut-être parce qu’il vit comme il vit qu’il n’en a pas, eh, qui sait ?   

C’est qu’il ne lui faudra pas bien plus longtemps pour regrouper tout ce qu’il avait entassé, tout ranger - cacher dans un placard auquel il a pris soin d’y mettre un petit système de sécurité - et… Ramasser Gobou qui dormait dans la plus étrange des poses. A l’image d’un sac de baies Mepo, Amerstia cale le Gobou sous son coude - et le réveille au passage - direction rentrer chez eux. Finir sa nuit dans un lit au chaud, et confortable qui lui évitera un torticolis ; et par-dessus tout, boire une boisson bien chaude. Genre un thé. C’est bien un thé, non ? Ou une infusion, s’il veut dormir, ça marchera mieux.   

Quand il ouvre la porte de la maison abandonné, Amerstia, c'est une bourrasque de vent qu'il se prend en pleine tronche. Tiens, c'était peut-être ça, le vacarme qui l'a réveillé quelques minutes plus tôt, juste le vent qui se lève... Impossible de trop se fier au ciel pour savoir si ça annonçait une pluie ou pas : dans la nuit noire, et avec la Lune qui joue à cache-cache avec les nuages, on se doute bien que c'est pas des plus évident pour avoir un avis tranché là-dessus. De toute façon eh ben, c'est la vie, il pleut, il pleut pas, ça changera rien. « Bon, tu vas marcher. » Qu'il annonce à Gobou, en le posant au sol. Après tout, ici, c'était un peu la zone propice à l'urbex et dans l'urbex, on escalade des trucs, et escalader des trucs avec un Gobou dans les mains, Amerstia peut vous assurer que ce n'est pas pratique (il l'a déjà vécu, et pas qu'une fois). 

L'atmosphère qui règne dans cette partie de la ville est vraiment très étrange. Tout sombre lentement, mais sûrement vers le néant. Les rues, auparavant animées sont désertes. Désertes de tout. C'est qu'il a toujours voulu comprendre comment ça a pu se produire, cet exode. Au fond de lui, Amerstia aurait bien aimé être présent ici la nuit où ça s'est produit ; peut-être parce qu'il se dit qu'il aurait ressenti ce que les habitants avaient ressentis... Et aussi qu'il aurait été l'exception et qu'il ne serait pas parti.
Mais bon, maintenant c'est terminé, c'est du passé. Ils sont tous partis, plus personne n'a, et n'aura de nouvelles d'eux à Guet-aux-Monts. 

Les bourrasques se font de plus en plus fortes au fur et à mesure qu'Amerstia marche. Probablement que la pluie n'est pas très loin ; et certainement un orage aussi. Jamais le meilleur signe, un orage, par-ici. Après chaque orage, on trouve toujours quelques petites découvertes (pas forcément dans le bon sens) qui émanent des donjons. Amerstia compte sur les sauveteurs pour rester informé de ce qu'il a bien pu s'y passer. De toute façon, il n'a pas vraiment le choix. A l'heure actuelle, une armée de garde doit protéger l'entrée - ou la sortie, choisissez votre point de vue - des donjons. La majorité d'entre eux ne doivent d'ailleurs pas savoir pourquoi.
Amerstia se retourne vers Gobou, qui était à la traîne. « Je sais que la pluie ça te dérange pas, toi, mais j'aimerai bien éviter d'être trempé perso. »

S'il comprenait ce qu'Amerstia venait de dire, Gobou, il n'en montra pas le moindre signe. Bon, dans les faits, à force de côtoyer ce Pokémon, Amerstia a fini par le comprendre quasi par cœur. Par exemple, là, il sait que c'est totalement volontaire de la part du Gobou, et qu'il a vraisemblablement très envie d'un petit bain de pluie. Très, très, très long soupir de la part d'Amerstia. Parce qu'il sait également que le Gobou ne se laissera pas faire. Ce machin a beau rester à moins de cinq mètres de son dresseur, il n'empêche que quand il a une idée en tête, il n'est pas près de l'abandonner.
La meilleure des solutions, dans un cas comme celui-ci, c'est d'ignorer royalement Gobou. Ce qu'Amerstia fait donc.    

Ambroise trace donc sa route jusqu'au bout de la rue. Le vent se fait de plus en plus froid, il regrette de ne pas avoir embarqué une veste un peu plus chaude... Il se retourne, histoire de voir où en est la petite bestiole nommée Gobou. Et la réponse c'est qu'il n'y a pas de Gobou à l'horizon. Enfin, du moins, pas de Gobou visible à l'horizon. C'est dans ces moments qu'Amerstia se maudit de n'avoir jamais forcé Gobou à savoir vivre dans sa pokéball ; bon, en même temps, Amerstia se serait également maudit aussi s'il avait fait ça, mais bon, faut croire que dans l'actuelle des choses, au moins, ça lui aurait été utile.
Bon, comme il sait qu'il n'a rien à perdre - autre que son temps, s'il venait à arriver quelque chose à Gobou, ce dernier reviendrait à fond vers Amerstia, ou il ferait savoir où il se trouve - Amerstia s'assoie sur le bord d'une fenêtre, et attend. Il fait défiler les posts sur les réseaux sociaux, mais par contre, il a bien la flemme de répondre à ses messages.

Le temps passe un peu. Une dizaine de minutes, avant que Gobou se manifeste. Il revient en courant vers Amerstia, l'air à la fois effrayé et prêt à en découdre, c'est plutôt intriguant comme air, d'ailleurs. Amerstia quitte sa chaise de fortune - toujours le rebord glacé de la fenêtre - pour essayer de comprendre ce qui agite tant le petit Pokémon. Il a certainement dû croiser quelqu'un, et Amerstia connaissant Gobou, il sait très bien que tout seul, le Gobou est effrayé, mais maintenant qu'il est avec lui, il va vouloir... probablement y retourner.
Eh ben très bien, allons-y donc...

C'est que, de caché derrière les décombres, se trouve un Morpeko. Et... Mh, c'est délicat un Morpeko, surtout quand c'est un Morpeko affamé. Amerstia est relativement surpris, c'est bien la première fois qu'il croise un tel Pokémon dans cette partie de la ville, jusqu'à présent il n'en avait de répertoriés que dans la forêt... Après tout, bonne idée pour ces bestioles que de venir ici, l'accès à la nourriture doit y être bien plus simple.
Bon, le soucis est cependant le suivant : il semblerait que Gobou et Morpeko ait eu une envie soudaine de grignoter la même baie - note de Amerstia : il est fort probable que ce soit Morpeko qui l'ait amené ici pour pouvoir la manger quand bon lui semble, malheureusement Gobou lui ait tombé dessus, et évidemment, Gobou ne veut pas abandonner une baie.