{1vs1} - Latence.

La nuit commence à arriver, c’est l’heure parfaite pour Amerstia, pouvoir vagabonder dans les rues sans être trop repéré. Bon, même si là où il va, y a personne. L’électricité a carrément été coupée l’an dernier dans cette partie de la ville. Logique d’un côté, hein, y a que des futures ruines ici. De sa poche, Amerstia, il sort un petit pot contenant des pastilles au miel, il en attrape une - non sans grommeler un peu, parce qu’avec le temps elles se sont toutes collées entre-elles - et puis, il s’avance guidé seulement par les premières étoiles - et sa mémoire, surtout. « T’éloigne pas, toi. », qu’il adresse au Gobou. Bon, ça ne risquait pas, on est d’accord, mais bon, au cas où.

Amerstia, il sait où il va. Il y a cette bicoque plus loin, qui est un peu devenue sa… Deuxième maison, si on peut appeler les choses ainsi. Y a des choses qu’il vaut mieux que d’autres ne soient pas mis au courant, et quoi de mieux que de les faire là où on ne penserait pas à les chercher ? Enfin, peut-être que si, un jour, mais vraiment, Armestia, il a pas mieux comme endroit actuellement.

L’absence de mouvement est une caractéristique de ce quartier. Oh, évidemment, il y a toujours un peu d’activité, mais elle est principalement discrète, sauvage, naturelle en somme. Alors forcément, chaque fois qu’il passe ici, Amerstia, il sait qu’il intrigue quelques curieux. Lui, il n’en a pas spécialement grand-chose à faire, Amerstia trace sa route, tout juste s’il porte un regard au Polichombr qui le regard à travers une fenêtre à moitié cassée - il n’est sans doute pas le seul, mais il n’a vu que lui. C’est un petit peu moins le cas de son Gobou. Certes, il a l’habitude de suivre Amerstia partout, mais il est toujours un peu effrayé par ces spectres. Ni une ni deux, il se rapproche un peu encore d’Amerstia, le suivant au pas de course. Un petit cri plaintif de la part du Gobou après avoir échangé un regard un peu trop long avec le Polichombr, qui fait s’arrêter Amerstia. « Pas une bonne idée de fixer ces trucs, tu sais. Allez viens, où bientôt tu ne vas même plus savoir mettre un pied devant l’autre. ». Il se fait pas prier le Gobou, et il grimpe sur Amerstia qui lui, lève les yeux au ciel.

La porte de la maison résiste un peu, quand Amerstia l’ouvre. Un petit filet de poussière en tombe, y a bien longtemps que personne n’est venu ici. Les meubles du rez-de-chaussé sont tous grands ouverts. Et vide. Quelqu’un a déjà fait le ménage ici, où alors, les derniers occupants qui sont partis à la hâte. Qu’importe, ce qu’est venu chercher Amerstia n’a pas été laissé par les anciens occupants, et ne date pas de l’époque où le quartier respirait encore la joie et la bonne humeur. Il se dirige à l’étage, dérangeant au passage un Mimigal qui a visiblement élu domicile sous l’escalier.

Et hop, une fois en haut, ne reste plus qu’à… Sortir tout ce qu’Amerstia avait - plus ou moins - caché à sa dernière visite. Il pose Gobou au sol, le laissant vaquer à ses occupations de Gobou…

Un grand vacarme se fait entendre. Qui vient du bas de la maison. Amerstia soupire, ce n'est pas dans ses intentions premières que de réveiller toute la faune du quartier, d'autant plus que la dernière fois, c'était bien désert ici. Enfin bon, il faut bien s'en douter que des occupants mystères décident d'habiter ici. Il va voir dans le couloir, Amerstia, qui est à l'origine de tout, et. Un Miamiasme. « Ah non, pas toi ! ». Non, vraiment, qui veut se retrouver enfermé dans une baraque où un truc nauséabond se promène. Pas Amerstia en tout cas, non merci, on préserve son odorat s'il-vous-plait.

Ni une, ni deux, Amerstia ramasse tout ce qu'il vient de sortir dans un tas qu'il cale sous son épaule, ouvre la fenêtre, et sort en attirant Gobou avec lui, pour se retrouver sur les toits. Vous me demanderez certainement pourquoi sur les toits, eh ben, c'est parce que quand bien même ce ne soit qu'un Miamiasme, l'idée de passer à côté de lui et de risquer une projection d'ordure (ou pire) n'enchante pas vraiment Amerstia. A l'inverse, la prespective de gambader sur les toits et trouver un endroit sans poubelle ambulante est déjà plus plaisante.

Et c'est qu'il s'est pensé en paix, Amerstia. Pendant un moment. Et en fait, bah non. Voilà qu'un Poichigeon débarque à son tour. Comme si le défilé n'avait pas suffisamment assez duré. Seul petit problème, c'est qu'il semble un poil trop... Intéressé par Amerstia et Gobou ce Poichigeon. Un peu comme s'ils venaient de s'avancer un poil trop dans son territoire. Mais bref, Amerstia n'a pas le temps de réfléchir plus, il sent le potentiel danger arriver, et, toit ou pas toit, il est préférable d'agir au plus vite.

« Bon, on va la fait partir, sinon elle va pas nous lâcher. ». Regard vers Gobou qui a compris que l'action allait arriver. Et bon, heureusement, c'est un Pokémon qui fait sa taille. Et qui ne l'effraie pas (encore), donc Gobou est apte à faire tout ce qu'Amerstia a prévu.  

Donc il s'est passé une course poursuite sur les toits d'un quartier bientôt en ruines. Bref, Amerstia ne veut plus en parler maintenant que la Poichigeon est loin derrière eux. Gobou sur son épaule décide de sauter, maintenant qu'ils se retrouvent tous les deux à nouveau dans une allée, et non plus sur les toits.

Et. C'est comme ça, en sautant, que Gobou vise pile poil à côté de la maison d'un Zigzaton. Honnêtement, Amerstia songe à sortir son téléphone histoire de chercher si des recettes à base de Gobou grillé existe, mais il se retient. Il soupire encore Amerstia, pendant qu'une drôle de scène se passe entre les deux petits Pokémon. Les deux se regardent droit dans les yeux, et refuse de bouger. Bon, cohérant de la part de Gobou, Amerstia en a l'habitude. Quant à la Zigzaton, Amerstia penche plus pour une légère trouille de son côté. Et, c'est que ça l'intrigue. Alors, il les laisse faire. De toute façon, ce n'est pas un Zigzaton qui va causer des soucis...

Le premier des deux qui se risque à bouger, c'est Gobou. Peut-être parce qu'il a vu qu'Amerstia le laissait faire tranquille, donc qu'il se doutait qu'il ne devait pas y avoir grand danger, mais quoi qu'il en soit, il fit un pas vers la Zigzaton. Et il se passe que... Eh ben il se passe qu'il ne se passe rien. Gobou penche la tête l'air interrogatif, il a visiblement l'air d'attendre quelque chose comme un échange, une communication. En guise de réponse, la Zizgaton s'enfonce un peu plus dans sa cachette.
... Et quelque chose dont Amerstia n'a pas vu venir se produit : Gobou l'a suit dans sa cachette. Genre, Gobou, lui-même en personne. Ouais, Amerstia n'aurait jamais parié sur ça, mais la vie est faite de surprise, et Gobou en lui-même est une surprise ; alors une surprise qui fait des surprise c'est... C'est une phrase trop complexe pour qu'on soit parfaitement sûr qu'elle soit valable, mais on va faire comme si.

Les secondes passaient, et Gobou ne sort pas de la cachette. Du coup, Amerstia prend les devants, parce que mine de rien, il ne le montre peut-être pas, mais, ça le préoccupe un peu ; faut dire, il s'y est un peu - beaucoup - attaché à ce pot de colle sur patte, et Amerstia serait un peu - beaucoup - chagriné s'il devait arriver quelque chose. Et comme l'expression dit qu'avec des si, on referait le monde ; eh ben Amerstia n'a clairement pas l'envie de refaire le monde.
Alors, il s'avance, Amerstia, il s'avance, et soulève le bordel de la ruelle, composé de bouts de toitures, de briques, et un peu de végétation. Enfin, dans les faits, il n'y avait pas grand chose, hein... Mais les deux petits Pokémon étaient là, visiblement la Zigzaton n'a pas trop appréciée d'être à la fois suivie dans sa cachette par un Gobou, mais également qu'Amerstia détruise sa maison...

Ni une, ni deux, Amerstia récupère Gobou sous son bras. Avoir au derrière une Zigzaton énervée : non merci. Amerstia, il préfère tracer, il n'a de toute façon pas que ça à faire que de coltiner une Zigzaton qui lui en veut, il préfère s'éloigner au plus vite et la laisser refaire sa maison en paix. Elle a déjà pas cherchée à s'en prendre à eux, alors on va pas tenter plus, n'est-ce-pas ?
Et maintenant que tout danger est écarté - plutôt : tout Zigzaton est écarté, parce que peut-on vraiment parler de danger ? - c'est retour à la tâche initiale qui est, à savoir, de trouver un endroit au calme afin de pouvoir poursuivre tout ce qu'il avait entamé un peu dans le secret.
Et visiblement du calme ici, c'était tout sauf ce qu'on pouvait trouver.

La fenêtre ouverte d'un immeuble se fait apercevoir un peu plus loin. Bon, Amerstia ne va certainement pas crier victoire ; déjà parce qu'il est loin d'être du genre à hurler à tout bout de champ, et après, parce qu'il se dit en même temps que fenêtre ouverte signifie que potentiellement y a quelque chose qui a pu s'y infiltrer dedans. Et par quelque chose, ça peut tout aussi bien être humain que Pokémon, et clairement, on a pas trop envie d'en croiser - que ce soit l'un ou l'autre. Mais qui n'essaye pas n'a pas - oui, c'est pas l'expression, mais on s'en fiche ; les expressions, on les remixes ici .
Du coup, sans attendre à nouveau, il fait passer Gobou par la fenêtre ouverte, tout en lui disant de rester discret au cas où, et qu'ils allaient explorer l'endroit rapidement.

De la poussière. Des tonnes et des tonnes de poussière. Beaucoup d'humidité aussi. C'était à peu près tout ce qu'il se trouvait dans cet immeuble. Et, mine de rien, ça avait un petit côté très triste. On peine à croire qu'il y a quelques années, toute cette rue était animée, tout ici était vivant. Et voilà l'état dans lequel tout se trouve aujourd'hui. Tout tombe en lambeaux. C'est triste aussi, parce qu'il y a fort à parier que Amerstia connaissait de près ou de loin quelqu'un qui habitait dans l'un de ces appartements.
Mais ils sont tous partis en l'espace de quelques jours.
Il n'y a plus personne. Et plus personne n'a de nouvelles d'eux.
Bien sûr qu'il y a des théories. Mais rien de concret. Rien de rationnel.
Mais déjà, comment peut-on raisonner rationnellement quand un quart de la population d'une ville prend le large en quelques jours ? Amerstia n'a toujours pas de réponse à ces questions.
Il soupire, et ouvre les volets d'une pièce. Dans un grincement effroyable.

Le grincement du volet fait aussi, bien évidemment, grincer des dents à Amerstia. Mais bon sang, il aurait juste un minimum pu s'en douter. Des années que le truc n'a pas bougé d'un poil, qui sait déjà depuis combien de temps ils n'avaient pas été graissés. Il soupire. Au moins, on y voit maintenant un tout petit peu plus clair dans la pièce... Bon, pas grand chose, hein, n'oublions pas que c'est juste éclairé par un clair de Lune.
De toute façon, maintenant, du bruit pour du bruit, Amerstia aménagea la pièce, rapprochant ce qui devait être une table de salon plus proche de la fenêtre, et il essaya de trouver la chaise qui lui semblait tenir le mieux debout - au pire, il tombera, c'est pas dramatique, ça arrive, mais c'est pénible.

C'est que s'il vient travailler - de nuit - dans un décor pareil, Amerstia, c'est parce qu'il n'a pas spécialement envie qu'on le découvre. Faut savoir que le type, il n'a jamais trop été apprécié de la communauté scientifique. Du genre à ne pas vraiment suivre les bords, à explorer d'autres sentiers qui ceux déjà balayés mille fois, à soupirer face aux discours des vieux barbus. Bref, Amerstia, il est un peu l'élément gênant. Cela dit, ce n'est pas totalement pour lui déplaire… au moins, a défaut de tout faire bouger, il fait un peu parler. Et même si c'est pas beaucoup, c'est déjà un tout petit début.
Bref, le fait étant que pour quelqu'un comme Amerstia, ce n'est pas totalement surprenant que de savoir qu'il a, entre guillemet, des bureaux cachés. Il s'occupe du sujet des donjons depuis bien avant que le monde soit au courant de leur existence. Malheureusement, d'autres plus puissants - et avec du fric, évidemment - entrave un peu beaucoup. Du coup, ben… Il pare ça comme il le peut, Amerstia.